jeudi 28 novembre 2013

Missiones et Paraguay

Après 5 jours passé dans le parc national d'Iguazu, je prends un bus pétaradant pour la région de Misiones, 200km plus au Sud. Le chauffeur me débarque au bord de la route sous une chaleur infernale et je marche avec mes kilos de paquetage vers le petit bled de San Ignaco, ou se trouve les ruines d'une mission jésuite. L'ambiance est à la léthargie, c'est samedi et il n'y a pas âme qui vive pour me renseigner. Je réveil de sa sieste une mamita, pour mandier une chambre, et je pars à la conquête de l'histoire du pays!


L'ambiance est spéciale, je marche seul ou presque dans les rues poussiéreuses accompagné par quelques chiens pouilleux pour enfin découvrir l'entrée des ruines. Une vieille dame derrière son comptoir m'indique qu'il y a grêve car le personnel n'est pas payé depuis 4 mois... Je lui propose de payer quand même, elle me propose du maté... Je passe le coin du bâtiment pour me retrouver avec quelques employés préparant banderoles aux slogans contestataires. C'est la guerre paraît-il. Mais ils sont bien contents de me laisser entrer pour quelques pesos, et je me retrouve seul dans ce lieu historique qui accueilli 4000 indiens guaranis et quelques allumés jésuites européens dès 1696... L'utopie religieuse de ses missionnaires armés de flûtes et de violons et d'une croix en bois pour concerir les âmes perdues de la jungle est une expérience sociale assez hallucinante, car elle a relativement bien fonctionné.



Échange de bons procédés, les indigènes donnaient leurs âmes à Jésus et leur force de travail en échange de protection contre les esclavagistes et de lieux de vie pratiques et agréables en comparaison de la vie en société coloniale, tout en gardant leur langue et certain liens avec leur culture ancestrale.
Les jésuites quant à eux apprirent à parler et écrire cette langue et profitèrent de l'engagement de ce peuple pour produire de l'artisanat et étendre leur influence sur ce nouveau continant... Cette puissance causa leur perte, car mal vu par les instances du pape et du roi d'Espagne, elles furent déclarées personas non gratas et expulsées. La jungle à depuis repris ses droits...

Ce qui est intéressant, c'est que lorsque la vie du village s'est enfin réveillé en début de soirée, j'ai pu me rendre compte qu'encore aujourd'hui cette expérience de plus de 300 ans perdure, et que même s'il ne reste plus que quelques cailloux et ornements de style baroque-guarani, les gens continuent de s'identifier et de s'enorgueillir de ce passé glorieux. J'ai été impressionné de voir l'église du village, remplie de gens a la typologie guarani chanter les cantiques de toute beauté pour un mariage de deux adolescents tout pimpants, faisant résonner dans la nuit une ferveur métaphysique intacte, dans cette vie paysanne des Misiones.

Toutes proches, les ruines de Santa Ana et Loreto, moins bien conservées, m'ont plus plongées dans l'univers de la jungle et agricole de la région, me permettant d'apercevoir quelques oiseaux magnifiques, singes, varans et papillons, et des voitures croulantes mais roulantes. Une vie de labeur dans un paysage accablé par la chaleur, ou à l'ombre d'un ficus géant, je m'abandonne à la réflexion, à l'imagination pour finir en sieste obligatoire...



Le lendemain, je me dirige vers le Paraguay, en passant par le pont qui relie Posadas à Encarnacion, traversant l'immense fleuve du Parana. Formalité douanière un peu compliquée mais visa obtenu après avoir expliqué à plusieurs douaniers que je n'était pas canadien et que je n'avais pas besoin de payer pour mon droit de passage. Je retrouve le joyeu bordel du Paraguay, ou mon cerveau est engagé à rude épreuve, la chaleur et l'humidité me rend soûl, et la quête aux informations s'avèrent plus compliquée dans ce pays. Je trouve néanmoins un hostel crasseux pour me détendre et mandier les informations qui me manquent pour visiter d'autres ruines jésuites de la régions. Pour les atteindre, j'ai pris 3 bus et 2 pour le retour. Intéressant le système de transport de ce pays... Mieux vaut savoir ce que l'on se veut et bien parler l'espagnol local. Bref, je cuis comme un œuf au bord de la route ou personne ne passe car c'est la fameuse sieste quotidienne qui a prit place dans tous les bus, et moi je me dis que je suis vraiment un suisse qui ne connaît que les horaires des trains de mon pays et sa magnifique signalétique...
Les ruines sont biens là, mieux conservées et bien expliquées, mais le cœur n'y est plus, la chaleur m'a vaincue et il ne me reste qu'à retrouver mon chemin de retour pour aller profiter du peu de fraîcheur de la costanera (plage du fleuve) d'Encarnacion.



Nuit tropicale ou même le fan à décider de se mettre en grève, je rêve les yeux ouvert toute la nuit de la neige qui tombe en Suisse et de la chaleur agréable d'un feu de bois et d'un chocolat chaud... Hallucination contradictoire, car ici j'ai envie de m'arracher la peau pour avoir autre chose à souffrir que de la chaleur humide du Paraguay. Cette chaleur change mes plans et en dehors d'un rapide passage par Asunción la capitale pour y retirer des dollars et visiter en coup de vent cette grande ville polluée, ou la misère côtoie des richesses crapuleuses, je n'irai pas plus loin dans ce pays pour m'enfuire dans les contreforts andins de Salta l'argentine.

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