jeudi 28 novembre 2013

Salta, Humahuaca, Jujuy, Cafayate

Depuis Asunción, le bus m'emporte de nuit dans le désert du Chaco, de l'impénétrable comme il se nomme ici. Pour donner encore plus de dramaturgie à ce voyage, un violent orage éclate sur cette étendue qui ressemble dès lors à une scène de l'apocalypse ou du Mordor pour les connaisseurs... Fantastiques éclaires stroboscobiques et pluie diluvienne, le chauffeur décide de s'arrêter afin de pouvoir conduire dans des conditions plus sereines, c'est pas pire.

Salta, rien qu'en sortant du bus, on est déjà dans un autre décor, ici c'est déjà un peu la Bolivie.
La physionomie et la langue sont bien différentes de ce que j'ai déjà pu voir et entendre. Le rythme est assez cool et la ville à du charme, entourée de montagnes sèches et de vallées verdoyantes.



Ville importante du Nord Ouest argentin, qui fut comme Jujuy plus au nord, un lieu de commerce et de contrôle pour les caravansérails, qui, chargés de minerais venant de Potosi, descendaient la vallée de Humahuaca qu'il fallait contrôler et préserver des attaques d'indiens Quechua, pour mener leur marchandise jusqu'aux ports de colonies espagnoles du Rio Parana. Une ville riche en événements, qui révèle aussi une histoire précolombienne fascinante, avec ses momies de gosses sacrifiés, retrouvées dans les sommets environnants, sanctuaires de plus de 5000m bénéficiant d'un temps sec et dépourvus de bactéries laissant à ces gamins la quasi totalité de leur fasciés. 1000 ans et une vitre nous séparent, mais je peux quasiment les entendre rire...



Changement de décor le soir, ici c'est la fin de l'année scolaire  et universitaire et c'est l'heure de la fiesta!!!! La quasi totalité des mochileros (backpackers) sont conviés a faire la noce dans une rue remplie de bars et de boliche (disco). Je connais aucune chanson, le Dj ne semble même pas connaître Mickael Jackson, mais suis bien obligé d'admettre que s'ils paraissent plus réservé que leurs consorts de Buenos Aires, ils savent bien se lâcher dès la nuit venue, jusqu'au petit matin... La drague est lourde et les cœurs s'enflamment après deux verres, les filles semblent avoir oublié quelques vêtements chez elles et les mecs roulent tellement les mécaniques, fier de leur coupe mulet ou de leur  brushing 80's... Quant à la musique, je suis pas sur qu'elle soit réglementaire, autant en terme de décibels que des règles de l'art, mais ça fait l'affaire semble t'il. Moi j'irai voir mon orthophoniste à mon retour pour savoir si il me reste encore quelque chose au fond des oreilles, à défaut d'un trou beant...



Pour retrouver le calme, je me suis enfuis dans les montagnes de la région de Cachi, après avoir passé quelques cols de plus de 4000m, traversant le parque national de Cardones avec ses cactus géants, espèce de soldats végétales figés contemplant les immenses étendues désertiques de la Puna (l'Altiplano argentin). Superbes paysages ou le ciel paraît proche et ou l'on se sent minuscule...
Puis les Salinas Grande, le pittoresque village de Purmamarca avec sa montagne au 7 couleurs, la forteresse précolombienne deTilcara et la la fameuse quebrada de Humahuaca qui mene en Bolivie.
Une région époustouflante de beauté et qui semble être un pays en soi avec la ville de Jujuy comme capitale. Plus au sud dans cette région, on trouve la petite ville agréable de Cafayate avec sa vallée vigneronne et sa quebrada (canyon), ou l'on déguste le torrontes (vin blanc local) après un petit tour à la cascade... Le plaisir de vivre, en somme, si on y ajoute un peu de musique folklorique local assez audible et une cuisine à base de viande de lama et les meilleurs empanadas du pays! 



Seul problème, j'ai chopé des puces dans ma couche et je m'en vais à Córdoba pour me nettoyer de fond en comble! 

Hasta luego

Missiones et Paraguay

Après 5 jours passé dans le parc national d'Iguazu, je prends un bus pétaradant pour la région de Misiones, 200km plus au Sud. Le chauffeur me débarque au bord de la route sous une chaleur infernale et je marche avec mes kilos de paquetage vers le petit bled de San Ignaco, ou se trouve les ruines d'une mission jésuite. L'ambiance est à la léthargie, c'est samedi et il n'y a pas âme qui vive pour me renseigner. Je réveil de sa sieste une mamita, pour mandier une chambre, et je pars à la conquête de l'histoire du pays!


L'ambiance est spéciale, je marche seul ou presque dans les rues poussiéreuses accompagné par quelques chiens pouilleux pour enfin découvrir l'entrée des ruines. Une vieille dame derrière son comptoir m'indique qu'il y a grêve car le personnel n'est pas payé depuis 4 mois... Je lui propose de payer quand même, elle me propose du maté... Je passe le coin du bâtiment pour me retrouver avec quelques employés préparant banderoles aux slogans contestataires. C'est la guerre paraît-il. Mais ils sont bien contents de me laisser entrer pour quelques pesos, et je me retrouve seul dans ce lieu historique qui accueilli 4000 indiens guaranis et quelques allumés jésuites européens dès 1696... L'utopie religieuse de ses missionnaires armés de flûtes et de violons et d'une croix en bois pour concerir les âmes perdues de la jungle est une expérience sociale assez hallucinante, car elle a relativement bien fonctionné.



Échange de bons procédés, les indigènes donnaient leurs âmes à Jésus et leur force de travail en échange de protection contre les esclavagistes et de lieux de vie pratiques et agréables en comparaison de la vie en société coloniale, tout en gardant leur langue et certain liens avec leur culture ancestrale.
Les jésuites quant à eux apprirent à parler et écrire cette langue et profitèrent de l'engagement de ce peuple pour produire de l'artisanat et étendre leur influence sur ce nouveau continant... Cette puissance causa leur perte, car mal vu par les instances du pape et du roi d'Espagne, elles furent déclarées personas non gratas et expulsées. La jungle à depuis repris ses droits...

Ce qui est intéressant, c'est que lorsque la vie du village s'est enfin réveillé en début de soirée, j'ai pu me rendre compte qu'encore aujourd'hui cette expérience de plus de 300 ans perdure, et que même s'il ne reste plus que quelques cailloux et ornements de style baroque-guarani, les gens continuent de s'identifier et de s'enorgueillir de ce passé glorieux. J'ai été impressionné de voir l'église du village, remplie de gens a la typologie guarani chanter les cantiques de toute beauté pour un mariage de deux adolescents tout pimpants, faisant résonner dans la nuit une ferveur métaphysique intacte, dans cette vie paysanne des Misiones.

Toutes proches, les ruines de Santa Ana et Loreto, moins bien conservées, m'ont plus plongées dans l'univers de la jungle et agricole de la région, me permettant d'apercevoir quelques oiseaux magnifiques, singes, varans et papillons, et des voitures croulantes mais roulantes. Une vie de labeur dans un paysage accablé par la chaleur, ou à l'ombre d'un ficus géant, je m'abandonne à la réflexion, à l'imagination pour finir en sieste obligatoire...



Le lendemain, je me dirige vers le Paraguay, en passant par le pont qui relie Posadas à Encarnacion, traversant l'immense fleuve du Parana. Formalité douanière un peu compliquée mais visa obtenu après avoir expliqué à plusieurs douaniers que je n'était pas canadien et que je n'avais pas besoin de payer pour mon droit de passage. Je retrouve le joyeu bordel du Paraguay, ou mon cerveau est engagé à rude épreuve, la chaleur et l'humidité me rend soûl, et la quête aux informations s'avèrent plus compliquée dans ce pays. Je trouve néanmoins un hostel crasseux pour me détendre et mandier les informations qui me manquent pour visiter d'autres ruines jésuites de la régions. Pour les atteindre, j'ai pris 3 bus et 2 pour le retour. Intéressant le système de transport de ce pays... Mieux vaut savoir ce que l'on se veut et bien parler l'espagnol local. Bref, je cuis comme un œuf au bord de la route ou personne ne passe car c'est la fameuse sieste quotidienne qui a prit place dans tous les bus, et moi je me dis que je suis vraiment un suisse qui ne connaît que les horaires des trains de mon pays et sa magnifique signalétique...
Les ruines sont biens là, mieux conservées et bien expliquées, mais le cœur n'y est plus, la chaleur m'a vaincue et il ne me reste qu'à retrouver mon chemin de retour pour aller profiter du peu de fraîcheur de la costanera (plage du fleuve) d'Encarnacion.



Nuit tropicale ou même le fan à décider de se mettre en grève, je rêve les yeux ouvert toute la nuit de la neige qui tombe en Suisse et de la chaleur agréable d'un feu de bois et d'un chocolat chaud... Hallucination contradictoire, car ici j'ai envie de m'arracher la peau pour avoir autre chose à souffrir que de la chaleur humide du Paraguay. Cette chaleur change mes plans et en dehors d'un rapide passage par Asunción la capitale pour y retirer des dollars et visiter en coup de vent cette grande ville polluée, ou la misère côtoie des richesses crapuleuses, je n'irai pas plus loin dans ce pays pour m'enfuire dans les contreforts andins de Salta l'argentine.

mardi 26 novembre 2013

Iguazu

Le vol qui m'a fait découvrir pour la première fois la terre sud américaine, m'avait déjà imressionné par l'immensité des étendues forestières. Cette fois ci, je reprends un avion pour visiter les fameuses chutes de l'Iguazu et rien que le survol des chutes et l'impression d'un atterrissage dans la canopée donne le ton, ici c'est la jungle!
Destination touristique, certe, mais la petite ville agréable de Puerto Iguazu, ses habitants et ses oiseaux me plongent pour la première fois dans une ambiance continentale que j'étais venu chercher. Ici c'est encore l'Argentine, mais déjà un peu le Brésil ou le Paraguay, mais c'est surtout le territoire des Guaranis. Quant à la nuit, elle appartient à quelques klaxons, aboiements, mais surtout aux bruits de la jungle...



Quant pour la première fois, tel un explorateur remontant le fleuve avec 50 autres touristes sur un speedboat, j'ai aperçu les chutes, j'ai commencé à tout oublier autour de moi, magnétisé par ce décor hallucinant, paradisiaque et d'une puissance phénoménale. 
Un jour j'irai à Iguazu... C'est là, maintenant, je suis dedans même!!! Le bateau fait une halte, on prend des photos, on met son kway, et on va prendre la douche... Trippant, flippant, exaltant!!! Je hurle comme un singe, ouvre la bouche pour essayer de respirer mais des litres d'eau s'infiltrent, je crache, je sais plus ou me mettre mais je rigole comme un gamin au Luna Park... Heureusement on en sort... pour prendre un peu de distance et nous donner à peine le temps de réaliser que l'on va y retourner... Une chute plus grosse encore, un bruit de dingue, des baignoires nous tombent dessus et certain touristes sont à la limite de la crise cardiaque, les mêmes qui prennaient fièrement la pose photo avant sont maintenant terrorisés, d'autres se joignent à mes hululements... On se retire en essayant de compter le nombre d'arcs-en-ciel et de reprendre la mesure de la réalité... Plus besoin de prendre de douche jusqu'à la fin de ma vie!


Des deux côtés des chutes, nous sommes dans un parc naturel binational, il est aussi facile de se promener sur les sentiers et pontons du côté argentin que brésilien, mais pas le même jour. On se fait chopper des chips par des coatis, regarder de haut ou de bas par des toucans, singes, caïman et tortues... Et puis il y a ces millions de papillons qui semblent sortir de la forêt pour vous guider, dans un enchantement jusqu'à la Garganta del Diablo, la partie la plus puissante des chutes, ou a plusieurs reprise je dois fermer les yeux pour reprendre mon souffle et me dire encore plusieurs fois: je suis à Iguazu!


Le côté brésilien est aussi spectaculaire, mais on y va plus pour la vue panoramique des chutes et une puissante introduction dans les gorges du diable. Je suis heureux de me savoir en territoire brésilien, mais je réserve ce géant pour la fin de mon voyage.


Un saut dans la ville de Ciudad del Este au Paraguay pour voir les marchés de matériel électronique contrefait ou tombé du camion... Ce pays bien plus bordélique semblent faire fi de toute critique et menace politique quant à sa capacité de trouver et de vendre du matériel qui ne lui appartient pas. Ciudad del Este, ou les voleurs du monde entier, chinois, européens ou américains se retrouvent pour faire de bonnes affaires... J'ai hésité à m'acheter une vrai Porsche Cayenne pour 8000.-Chf ou un faux Iphone 5s, mais je me suis fait rouler pour un câble USB... Ici c'est la grande foire au n'importe quoi, mais c'est assez drôle et hallucinant. 


Le taxi que l'on a loué avec 3 autres argentins nous fait un crochet par le barrage d'Itaipu, ici on a un sentiment controversé en s'imaginant les hectares de forêt détruite, les populations humaines et animales indigènes deplacées afin de rassasier la voracité énergétique de deux pays entier. La totalité de l'énergie électrique du Paraguay passe par deux turbines gigantesques. Quant au reste des 18 autres turbines, elles fournissent 25% de l'énergie que consomment 280 millions de brésiliens... Et ces derniers en demandent encore plus... L'homme a de magnifique atouts destructeurs mais dans 100'000 ans ou moins, ces édifices de béton se seront certainement rendu à la jungle...
Pour l'instant je profite pleinement de cette énergie pour vous conter cette nature magnifique qui m'impressionne, et pour vous embrasser sans contradiction.

Suerte



vendredi 15 novembre 2013

Buenos Aires

Buenos Aires... 
C'est une ville qui se dompte, mais qui a de la magie, une ville qui ne dort pas, ou chaque quartiers qui composent son immensité et ses identités, car elle est pluriel et multiculturel, mais avant tout argentine et fière! Très fière! 



Difficile d'expliquer cette ville sans écrire un livre métaphysique à la Borges. C'est pour ça que les argentins parlent beaucoup, s'expriment par tous les moyens et ça se voit, se sent, s'entend. Un quilombo (bordel) immense mais qui possède des quartiers somptueux à la parisienne, des jardins luxuriants ou se côtoient conifères et flore tropicales ou chiens et chats pavanent autant que leur maîtres... Et des bidons ville avec son cortège d'âmes errantes....il faut du temps pour apprécier à sa juste valeur cette ville et aussi pour se rendre compte de ses problèmes...

On se la pète et on fait la manche, on est direct, on a un avis tranché sur tout et rien et de manière générale on vit passionnément les petits riens comme les grands problèmes politique... mais surtout on arrête tout pour un match de footbal de Boca Junior ou de River!

De La Boca la pauvre colorée, en passant par San Telmo la vieille originale, les grattes-ciel de Microcentro et Puerto Maduro, les parcs et immeubles de la classe aisé de Retiro et Recolleta, jusqu'au quartiers hippie-bobo de Palermo ou la tranquille San Isidro et les méandres de Tigre plus au Nord, on passe par tous les desseins de l'Argentine, ses espoirs et ses pertes... Elle est tragi-comique, mais reste fière malgré tout!




Fière d'être la capitale d'un pays rempli d'espace quasiment vide, de déserts, de jungle, de montagne qui leur fait un peu peur et c'est sûrement pourquoi les Porteños se rassemblent dans cette ville tentaculaire. Pour se rappeler ensemble d'un passé d'immigrés rêvant d'indépendance et de liberté, d'un pays qui malgré son jeune âge à déjà beaucoup vécu, à travers des regimes extrême, mais un pays qui essaie d'aller droit malgré ses béquilles et qui fantasme de retrouver sa superbe, celle-la même que l'on se surprend a découvrir dans un coin de rue de Buenos Aires et dans l'enchantement de ces vastes territoires qui a fait l'identité de ce pays que je m'en vais découvrir.

Plus personnellement, j'ai eu la chance d'être hebergé par mon amie Tati, qui m'a accueilli comme une mère et facilité la vie dans cette ville ou tout était nouveau et ou mon espagnol était incompréhensible... Chaque visite de quartier à commencé par de bons conseils, faire du change et trouver un téléphone qui fonctionne, prendre le Subte, le Colectivo, ou même la Bicci, n'a plus de secret, ou presque... Gracias Tati!!!


Cette ville a beaucoup à offrir culturellement, en dehors d'un cours de Tango à La Catedral, un concert  de percussionnistes au Konex, une expo sur l'art latino-américain au MALBA, ou la découverte du peintre Xul Solar, grand ami du philosophe Borges, je me suis beaucoup amusé à découvrir les graffitis et la vie de la rue! Gracias Loli!


Mais la culture de se pays c'est aussi et surtout sa nourriture, évidement les parillas ou l'on mange la meilleur viande du monde, acompagnée d'un excellent vin du pays et suivi d'un dessert copieux...
Être végétarien ici, c'est un cauchemar...


Mais cette ville j'en ai rêvé en parlant avec mes amis Carolina et "Chicho", j'ai souvent pensé à vous ou je vous imaginais gamins dans les rues de San Isidro et grace a Fernando, j'ai pu vous avoir un peu avec moi! Gracias amigos!

Fue un placer!

Photo du Desnivel dédicacée à Martino et Faselito